Humanoïde enceinte ou la fin des femmes
© Maroun BADR (PhD)
Docteur en bioéthique
Research Scholar at UNESCO Chair in Bioethics and Human Rights – Rome
Associate Researcher at Facultad de Bioética Universidad Anáhuac México
26/08/2025
Bien que l’information soit démentie par les sources de TF1 (l’Université technologique de Nanyang affirme qu’ « aucun doctorant nommé Zhang Qifeng n’est sorti diplômé de cet établissement » et « aucune recherche sur un robot de gestation n’a été menée dans les laboratoires de l’université »), l’idée d’un robot de grossesse ne peut pas passer inaperçue.
Depuis 2017, des études sur l’ectogenèse menée sur des fœtus d’agneau invitent à prêter une attention particulière sur les quelques avantages que cette technique présente mais aussi sur les nombreux dilemmes éthico-juridiques.
1. Avantages
- Une éventuelle solution pour l’infertilité ;
- Sauver la vie des grands prématurés (nés avant terme avant 21-22 semaines de gestation) ;
- Alternative à la GPA avec des prix moins chers ;
- Avoir des enfants sans courir les risques d’une grossesse ;
- Faire progresser la recherche médicale tel qu’étudier les effets environnementaux sur la croissance fœtale, les maladies congénitales et la grossesse sans impliquer les humains.
2. Dilemmes
- La réification de l’enfant à naître comme objet de contrat d’une gestation artificielle ;
- L’établissement de fait d’un « droit à l’enfant », longtemps exclu par les jurisprudences ;
- La transformation de l’enfant en un produit industriel avec son propre ISO ;
- L’installation d’un système basé sur l’eugénisme ;
- L’impact sur l’identité et la psychologie du nouveau-né ;
- L’installation d’une industrie mondiale de la procréation médicalement assistée avec un lobbying économique de plus en plus fort ;
- Le renversement anthropologique fondamental : ce n’est plus les humains qui produisent les machines mais ce sont les machines qui produisent les humains ;
- La remise en question de la conception de la liberté, de l’autonomie et de la dignité humaine ;
- La suppression de l’égale dignité, de caractère anthropologique et ontologique, entre les êtres humains quant à leurs origines et leur mode de naissance ;
- La remise en question du « droit à l’avortement » puisque la grossesse n’existe plus. De ce fait, il n’y a plus besoin de revendiquer cette liberté sur son propre corps ;
- En conséquence, le maintien du droit à l’avortement ne concernerait plus la femme mais deviendrait carrément, explicitement et intrinsèquement un droit à la suppression de la vie d’un être humain ;
- La suppression de la maternité : le trait caractéristique de la femme ;
- La suppression du lien fondamental entre l’enfant et la mère (microchimérisme…) ;
- La parentalité et sa définition éthico-juridique : quelle serait la place du robot ?
- La manipulation à des fins politiques ou démographiques dans des pays qui ont une histoire de contrôle démographique strict ;
Des féministes s’en réjouiront parce qu’elles se débarrassent de la maternité ; mais où seraient la femme et son identité ?