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La GPA et la Bible

La Maternità Surrogata e la Bibbia

© Maroun BADR (PhD)

Docteur en bioéthique

09/03/2024

Mise-à-jour le 03/06/2025

Les partisans de la Gestation Pour Autrui (GPA) s’appuient sur la Bible pour renforcer leurs arguments en faveur de cette technique de procréation.

  • À titre d’exemple, nous pouvons lire dans le Rapport préliminaire sur les problèmes découlant des conventions de maternité de substitution à caractère international: « Le concept maternité de substitution n’est pas nouveau; les conventions de procréation pour autrui remontent même à l’époque de la Bible. Rachel, qui est stérile, donne sa servante à Jacob comme concubine afin qu’elle engendre un enfant qui sera considéré socialement comme l’enfant de Rachel et de Jacob » [1].
  • Un autre exemple se trouve en France dans le Compte rendu n. 13 de la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la bioéthique (29/08/2019), où Monsieur Jean-Louis Touraine (Rapporteur LREM), affirme que : « plusieurs exemples de GPA se trouvent dans la Bible, comme Sarah et Abraham avec l’aide d’Agar, ou Jacob et Rachel avec l’aide de Bilha » [2].
  • Plus récemment, une représentation de la scène biblique de l’Annonciation à la Vierge Marie a été utilisée pour annoncer un colloque sur la GPA à l’Université Paris Panthéon Assas [3].

 

En effet, ces exemples comme d’autres et de telles associations des idées, montrent deux problématiques de la méconnaissance de la Bible et fondent ainsi une fausse argumentation.

D’une part, il ne faut jamais prendre un passage biblique en le sortant de son contexte et en l’appliquant d’une façon arbitraire. Dans le contexte sociologique de l’époque d’Agar et de Bilha, celles-ci sont des servantes soumises au régime et aux lois de l’esclavage. Quant à Marie, elle n’était ni servante ni stérile et n’avait pas à coucher avec un homme pour donner un enfant à une autre femme.

D’autre part, trois éléments nous confirment qu’il ne s’agit pas d’une GPA :

  1. Ni Agar, ni Bilha, ni Marie – donc, la mère qui accouche – n’ont été écartées ni effacées. En revanche, dans la GPA, la mère qui porte l’enfant 9 mois et qui l’accouche est complètement rayée de l’histoire de l’enfant (au moins sur les papiers mais jamais biologiquement).
  2. Les enfants nés de ces femmes n’ont jamais été séparés de leur mère à la naissance ni remis a une autre femme (par exemple à Sarah ou à Rachel). Dans la GPA, l’enfant est arraché de sa mère, la maternité biologique est supprimée et est remplacée par une maternité et/ou une paternité de désir.
  3. L’origine et la filiation de ces enfants sont toujours inscrites. On dit par exemple : « Les fils de Bilha, la servante de Rachel : Dane et Nephtali » (Gn 35, 25) ; « Ismaël, le fils d’Abraham que lui donna Agar l’Égyptienne » (Gn 25, 12) ; « Marie, de laquelle fut engendré Jésus » (Mt 1, 16), « N’est-il [Jésus] pas le charpentier, le fils de Marie » (Mc 6, 3), ou Jésus fils de Marie. La parentalité est toujours établie vis-à-vis de la mère qui accouche. Dans la GPA, l’origine, la filiation et la parentalité sont totalement abolies et remplacées de manière virtuelle et fictive.

 

En conséquence, il est impossible de parler de la GPA dans la Bible et il est incorrect de recourir à la Bible pour justifier une telle pratique de traite des êtres humains [4] qui porte atteinte aux droits des femmes et à leur dignité ainsi qu’aux droits de l’enfant.

                                                                              

[1] Bureau Permanent, « Rapport préliminaire sur les problèmes découlant des conventions de maternité de substitution à caractère international », Conférence de La Haye de droit international privé, La Haye 10 mars 2012, 33, in https://assets.hcch.net/docs/b4114840-8e21-4f34-b054-43fe4c01ab32.pdf [23-2-2024], § 4 Note de bas de page n. 17.

[2] Bureau Permanent, « Compte rendu n. 13, Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la bioéthique », Assemblée nationale, Paris 29 août 2019, in https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/csbioeth/l15csbioeth1819013_compte-rendu [23-2-2024].

[3] « Colloque “Les nouvelles résistances à la gestation pour autrui” », 2025, cercrid.univ-st-etienne, in https://cercrid.univ-st-etienne.fr/fr/tout-l-agenda/annee-2024-2025/toutes-les-actualites-2024-2025/colloque-resistances-gpa.html?fbclid=IwY2xjawKrkHJleHRuA2FlbQIxMABicmlkETBvUUFTQXRLd2FDOGRIT1YwAR4Lh4qlKBE8gTI6KDo2N42N0hpK4MYNLp-sKdQXZ8jGHPdEhUzRMLz0OtcChA_aem_r6EqwW-WYdNQf29njvKS7w [3-6-2025].

[4] M. Björk – E. Rodríguez Palop, « Rapport sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 2011/36/UE concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes », Parlement Européen, Strasbourg 23 avril 2024, 49, in https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/A-9-2023-0285_FR.html [9-4-2025].

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