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Mifépristone et Misoprostol. Des médicaments essentiels ?

© Maroun BADR (PhD)

Docteur en bioéthique

Research Scholar at UNESCO Chair in Bioethics and Human Rights – Rome

Associate Researcher at Facultad de Bioética Universidad Anáhuac México

16/09/2025

Dans un rapport publié le 5 septembre 2025, l’OMS, et pour la première fois, a présenté les médicaments utilisés pour l’avortement médicamenteux (mifépristone et misoprostol) dans une section dédiée aux médicaments essentiels. En plus, cette nouvelle liste ne comporte plus l’avertissement encadré [1], en vigueur depuis 2005, spécifiant que l’utilisation de ces médicaments n’est autorisée que dans les pays où l’avortement est dépénalisé (légal).

Une telle décision fait partie de la politique évolutive de l’OMS qui traite l’IVG de plus en plus à la légère selon le schéma suivant (Voir ma thèse L’autonomisation de la femme par l’avortement et la contraception dans les Objectifs de Développement Durable de l’ONU) :

➡️ Avant 1992 : La légalité. La lutte de l’OMS était une lutte juridique contre les avortements illégaux et leurs risques ;

➡️ Le Rapport de 1992 publié en 1993 : La sécurité. L’OMS utilise pour la 1ère fois l’expression « avortement non sécurisé » (unsafe abortion) précisant que « la légalité ou l’illégalité des services n’est peut-être pas le facteur déterminant de la sécurité de l’avortement [2] ». À noter que les études sur lesquels se base l’OMS pour évoquer les critères de sécurité et de non sécurité contiennent des points faibles mettant leur objectivité en question [3].

➡️ Le Rapport de 2022 : L’autonomisation. L’OMS indique clairement que l’autonomisation de la femme est un pilier fondamental lié aux avortements sécurisés et est considérée comme un critère de soins [4].

➡️ Le Rapport de 2025 : Médicaments essentiels. Désormais, la mifépristone et le misoprostol font partie des médicaments essentiels lesquels sont à caractère thérapeutique [5].

Pour rappel :

➡️ La mifépristone est un stéroïde synthétique dont l’action est antiprogestative. Elle se fixe sur les récepteurs de la progestérone, hormone sexuelle, inhibant son action : préparation de l’endomètre pour l’implantation de l’embryon, maintien du développement de ce dernier en empêchant les contractions musculaires de l’utérus, réduction des risques d’accouchement prématuré. La mifépristone est souvent accompagnée du misoprostol (ou du Géméprost).

➡️ Le misoprostol, appartenant à la famille des prostaglandines, provoque des crampes et des saignements pour vider l’utérus.

➡️ Nombreuses sont les études qui évoquent les risques de ces médicaments.

Comment peut-on considérer ces médicaments comme essentiels alors que leur but n’est pas un traitement d’une maladie ? La grossesse et l’enfant à naître seraient-ils une maladie ? La réponse à cette question est à suivre…

                                                                                          

[1] « The selection and use of essential medicines, 2025 », World Health Organization. WHO, Geneva 5 septembre 2025, 35, in https://www.ohchr.org/en/documents/tools-and-resources/world-health-organization-model-list-essential-medicines-2025, 16.

[2] Technical Working Group on the Prevention and Management of Unsafe Abortion – World Health Organization – Maternal Health and Safe Motherhood Programme, « The Prevention and management of unsafe abortion : report of a technical working group, Geneva, 12-15 April 1992 », Geneva 1993, 23, in https://apps.who.int/iris/handle/10665/59705, 3.

[3] M. Badr, L’autonomisation de la femme par l’avortement et la contraception dans les Objectifs de Développement Durable de l’ONU, Collection Thèses 33, Les Études Hospitalières. LEH, Bordeaux 2025, 204‑210, 231‑235.

[4] Organisation mondiale de la Santé. OMS, Lignes directrices sur les soins liés à l’avortement, WHO, Genève 2022, in https://www.who.int/fr/publications-detail/9789240039483, 112 et 78.

[5] « The selection and use of essential medicines, 2025 », 31.

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